Ikevorkian

Chapitre 2. Paul Boyer

Chapitre2. Paul Boyer

“C’est à la suite d’une demande que je vous ai adressée, que je suis entré comme répétiteur à l’École des Langues orientales au début de la Grande Guerre. D’autres candidats s’étaient présentés, mais M. Clément Huart, plus tard membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, qui connaissait profondément la langue turque, après avoir examiné tous ces candidats, c’est moi qu’il a choisi parmi eux. “

Chapitre 1. Monsieur Portalier

Chapitre 1. Monsieur Portalier

M. Portalier était un professeur de mathématiques du lycée Henri IV, qui habitait un étage au-dessous de ma chambre, sur le même escalier. J’avais eu très peu d’occasions d’échanger quelques mots avec lui. Cette simple question qu’il me posa, ne pouvait éveiller aucun soupçon dans l’esprit de n’importe qui que ce soit, mais comme depuis quelques temps on m’ennuyait de toute façon, je crus voir un rapport entre cette rencontre et la négligence du boulanger, d’autant plus que le proviseur du lycée Henri IV où enseignait M. Portalier, était M. Dan, l’un de vos amis, Monsieur Boyer.

Devlet, justice et réparation : l’incident

Devlet, justice et réparation

« Le journal des Débats », à la rubrique Faits Divers :

Un répétiteur devient fou.

Répétiteur depuis dix ans à l’École des Langues orientales, 2 rue de Lille, M. Kevorkian, de nationalité arménienne, s’est précipité, au cours d’un acte de démence, sur M. Paul Boyer, administrateur de l’école, qu’il a vivement frappé au visage. Quelques instants plus tôt, un élève qui cherchait un livre dans son cartable, avait par inadvertance laissé tomber un pistolet qu’il portait à réparer et la vue de cette arme avait déchaîné chez le répétiteur un accès de fureur. L’état de de M. Paul Boyer n’est pas grave et, après pansement, il a pu reprendre ses cours. M. Kevorkian, qui avait été conduit au commissariat de police du quartier, a été interné après un examen médical ayant conclu à sa non-responsabilité.

Devlet, Justice et Réparation : prologue

Devlet, justice et réparation : prologue

Ce qui va suivre est le brouillon d’une lettre que j’adresse à M. Paul Boyer, qui fut l’artisan de mon malheur en France.

Puisque la longue revue des souffrances que je m’apprête à évoquer, et qui n’a pas encore pris fin au moment où je commence cette écriture épistolaire, a pour origine mes fonctions à l’École des Langues orientales et l’incident que j’ai eu avec son administrateur, M. Paul Boyer, je considère comme en mon devoir de lui faire appel une dernière fois, pour essayer de réveiller sa conscience, en vue de chercher à réparer moralement sinon matériellement ce que sa conduite a eu comme conséquences.”

Devlet, Justice et Réparation : préface de Raymond H. Kévorkian

Devlet, justice et réparation : Préface

Ce « roman » révèle surtout l’expérience singulière d’un exilé en butte aux bassesses de l’administration, qui l’a déchu de sa citoyenneté sous Vichy, aux pratiques radicales à l’œuvre dans les asiles d’aliénés, où il a été interné plusieurs années sur intervention de l’administrateur de l’École des Langues orientales vivantes, Paul Boyer.

Devlet, Justice et Réparation : présentation d’Isabelle Kévorkian

Devlet, justice et réparation : présentation

« Voilà, Monsieur le Directeur, mon histoire lamentable. Je fus torturé, pillé, volé. J’ai perdu emplois, biens, situation sociale, parents, amis, santé, avenir. (…) et j’ai toujours la police sur le dos par-dessus le marché. J’ai mérité tout cela pour avoir servi honnêtement la France pendant 16 ans ».

« C’est que, écrit-il, la situation dans laquelle je me débats est unique dans l’histoire humaine »

Devlet, Justice et Réparation

Devlet, Justice et Réparation

Unique photographie du protagoniste, extraite de son dossier d’asile d’aliénés où il fut interné de longues années.