Ikevorkian

Chapitre 8. Silence et propagande

Chapitre8.SilenceEtPropagande

n tout cas, cette anecdote et bien d’autres encore, montrent clairement qu’un intellectuel étranger qui n’a que le mérite personnel, ne peut trouver tout au plus qu’un travail noir pour un morceau de pain. J’ai appris, des années plus tard, que M. Julien Cain avait été nommé directeur de la Bibliothèque nationale. (…)
Je sais que c’est choquant ce que je viens de raconter, mais toute mon histoire est choquante, d’un bout à l’autre tout n’est que silence et propagande. 

Chapitre 7. Répétiteur de turc

Chapitre7.Répétiteurdeturc

Le sort m’avait jeté à l’École des Langues orientales comme répétiteur de turc, et pendant les longues années que j’y ai passées, j’ai pu constater à quel point les circonstances du monde extérieur pouvaient avoir leur répercussion dans cette institution. Le professeur titulaire de turc, M. Jean Deny, était souvent absent. Pendant la guerre, il était mobilisé, et après quelques années de son retour, il était reparti en Égypte, en mission. J’avais pensé tout d’abord qu’on n’avait pas besoin de remplacer absolument M. Deny, étant donné que je faisais aussi le travail du professeur. Mais j’ai appris vite qu’on ne pouvait pas se passer de cette formalité.

Chapitre 6. Ministère de la Guerre

Ministère de la Guerre

Pendant la guerre, j’ai rendu au gouvernement français des services qui ne furent récompensés ni matériellement, ni moralement. Je parle de ces travaux de censure que j’ai accomplis en dehors de mes fonctions ordinaires. Ces traductions n’étaient pas payées. J’y consacrais mes soirées, chez moi, puis je portais à l’école les documents que j’avais examinés. En général, il y avait des remarques à faire et peu d’écrits nécessitaient une traduction entière, mais il fallait examiner avec grande attention l’ensemble, parfois volumineux, de ces lettres et témoignages, en arménien ou en turc, de différents pays, représentant différentes psychologies, souvent difficiles à déchiffrer, qui me prenaient beaucoup de temps et d’énergie pour  n’y mêler aucun sentiment. 

Devlet, Justice et Réparation : préface de Raymond H. Kévorkian

Devlet, justice et réparation : Préface

Ce « roman » révèle surtout l’expérience singulière d’un exilé en butte aux bassesses de l’administration, qui l’a déchu de sa citoyenneté sous Vichy, aux pratiques radicales à l’œuvre dans les asiles d’aliénés, où il a été interné plusieurs années sur intervention de l’administrateur de l’École des Langues orientales vivantes, Paul Boyer.

Devlet, Justice et Réparation : présentation d’Isabelle Kévorkian

Devlet, justice et réparation : présentation

« Voilà, Monsieur le Directeur, mon histoire lamentable. Je fus torturé, pillé, volé. J’ai perdu emplois, biens, situation sociale, parents, amis, santé, avenir. (…) et j’ai toujours la police sur le dos par-dessus le marché. J’ai mérité tout cela pour avoir servi honnêtement la France pendant 16 ans ».

« C’est que, écrit-il, la situation dans laquelle je me débats est unique dans l’histoire humaine »

Devlet, Justice et Réparation

Devlet, Justice et Réparation

Unique photographie du protagoniste, extraite de son dossier d’asile d’aliénés où il fut interné de longues années.